
États-Unis : fin de l’exemption douanière sur les petits colis
Article mis à jour le 12/09/2025
La Poste suspend temporairement l’envoi des colis vers les Etats-Unis à compter du 25/08/2025, en raison de la confusion autour des nouvelles taxes d’importation qui doivent être payées sur les envois de marchandises (enveloppes + colis) à partir de la fin du mois.
De nombreux services postaux et transporteurs à travers le monde ont également pris cette même décision. (Source)
Mise à jour – 12/09/2025
Dans un communiqué du 05/09/25, l’Union Postale Universelle (UPU, dont la France est membre) a annoncé avoir mis en place une solution pour relancer l’envoi de courrier vers les États-Unis. Ils ont développé un calculateur de coût des droits de douane et une solution de « Delivered Duty Paid« (DDP) pour permettre aux postes de collecter ces frais dès l’origine. L’objectif est de rétablir la libre circulation des envois postaux, en fournissant aux opérateurs les outils technologiques et la formation nécessaires pour se conformer aux nouvelles régulations.
Source
Le 29 août 2025, une décision de l’administration américaine entrera en vigueur : la fin de l’exemption de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure ou égale à 800 $.
Jusqu’ici, cette franchise douanière (également appelée « exemption de minimis ») permettait à de nombreux petits vendeurs européens — artisans, créateurs et commerçants en ligne — de proposer leurs produits aux États-Unis sans que les acheteurs aient à payer de frais supplémentaires à la livraison.
Cette mesure pourrait compliquer fortement les ventes vers les États-Unis, surtout pour les micro-entreprises et les artisans d’art qui commercialisent leurs créations sur Etsy.
Points clés
- A partir du 29 août 2025, les États-Unis appliqueront des droits de douane sur toutes les marchandises entrant sur leur territoire.
- Les créateurs et artisans d’art qui exportent vers les USA vont être très impactés par cette mesure.
- Les vendeurs Etsy doivent s’adapter.
1. Pourquoi cette décision ?
Officiellement, il s’agit de lutter contre la concurrence jugée déloyale des vendeurs étrangers (notamment Chinois), d’empêcher certaines fraudes consistant à fractionner les commandes pour éviter les taxes, et de renforcer le contrôle des produits entrant sur le territoire.
Cette mesure doit aussi rapporter des recettes douanières supplémentaires et inciter les consommateurs à acheter davantage de produits fabriqués aux États-Unis.
2. Qui paiera les droits de douane et comment ?
D’habitude, les pays concernés calculent et appliquent les droits et taxes à l’arrivée.
Mais les Etats-Unis ont décidé de procéder différemment : les droits de douane devront être pris en charge par l’exportateur, rendant obligatoire l’utilisation de l’option DDP (Delivered Duty Paid).
Par conséquent, les envois en DAP (Delivery At Place) seront refusés.
Les droits varieront selon plusieurs critères :
- la catégorie douanière (ou code SH) du produit,
- la valeur déclarée (prix payé par le client + frais de port),
- l’origine du produit (son pays de fabrication)
IMPORTANT
les États-Unis exigent désormais l’indication des codes HS à 10 chiffres et la rédaction des déclarations douanières en anglais pour tous les articles.
A NOTER
Les créations contenant différents matériaux pourraient être soumises à des droits de douane supplémentaires. Renseignez-vous bien avant de d’effectuer vos formalités douanières.
Expédition par La Poste
Le 15 août 2025, l’agence des douanes américaines (U.S. Customs and Border Protection ou CBP) a publié un document officiel : Global Guidance for International Mail.
Ce texte précise que ce sont les transporteurs postaux internationaux – ou, le cas échéant, une société tierce qualifiée et approuvée par la CBP – qui sont responsables de collecter et reverser les droits de douane sur les colis à destination des États-Unis.
Deux méthodes de calcul des droits sont prévues, pendant une période de transition de 6 mois :
- Option 1 : droit ad valorem
Le montant à payer (pourcentage de la valeur du colis) dépendra :
– du type de produit,
– de son code douanier,
– et de la valeur déclarée
Les créations artisanales fabriquées en U.E. seront taxées à 15%.
Si vous faites de la revente de produits en provenance de Chine, Hong-Kong ou Macao, ils seront taxés à 34%.
- Option 2 : droit forfaitaire
Un montant fixe entre 80 $ et 200 $ sera appliqué par article, en fonction du taux tarifaire en vigueur pour le pays d’origine du produit (un barème est défini dans le décret signé par Donald Trump).
Après les 6 mois de transition, seule l’option ad valorem (pourcentage) restera possible.
REMARQUE
Le pays d’origine correspond au pays où le produit a été fabriqué, et non à celui d’où il est expédié.
IMPORTANT
La CBP a également précisé que chaque transporteur doit appliquer la même méthode de collecte des droits pour tous les envois d’un même mois civil.
Cette méthode peut être changée une seule fois par mois, à condition que le transporteur en informe la CBP au moins 24 heures avant.
Concrètement, cela veut dire, durant la période de transition, les règles appliquées à l’envoi de vos commandes peuvent évoluer d’un mois à l’autre, selon la décision du service postal ou du transporteur.
Expédition par transporteur (DHL, UPS, FedEx…)
Les colis seront soumis aux droits et taxes applicables selon le régime ad valorem, calculés en fonction de trois critères :
– la catégorie du produit (code tarifaire),
– la valeur déclarée,
– et le pays d’origine
Le transporteur sera chargé de collecter et reverser les droits de douane à la CBP.
3. Est-ce qu’Etsy communique sur les droits de douane ?
Oui, Etsy a publié un article dans son Manuel du vendeur pour rappeler les règles en matière de droits de douane. Voici les points essentiels :
- Qui paie ?
Les droits de douane et taxes à l’importation sont à la charge de l’acheteur, mais vous devrez les prépayer et répercuter ces coûts sur vos prix de vente.
- Quelles options existent actuellement ?
Des transporteurs comme DHL, UPS ou FedEx proposent parfois le DDP, mais cette option reste coûteuse et peu adaptée aux très petites entreprises. Les services postaux, eux, ne permettent pas le prépaiement.
- Et le rôle d’Etsy ?
La plateforme rappelle qu’elle ne collecte pas les droits de douane pour le compte des vendeurs ni des autorités, contrairement à certaines taxes comme la TVA. Etsy indique toutefois réfléchir à une solution pour mieux informer les acheteurs lors de la commande.
Quels impacts pour les ventes ?
Cette situation risque de freiner les achats américains, notamment pour les articles de faible valeur.
Certaines grandes plateformes comme Amazon offrent déjà le prépaiement des droits de douane au moment de la commande. Etsy ne le fait pas encore, mais pourrait évoluer dans cette direction pour éviter les mauvaises surprises.
Mise à jour – 23/08/2025
La CBP a récemment autorisé Zonos (ainsi que SafePackage) comme prestataire tiers habilité à collecter et reverser directement les droits de douane après la suppression de l’exemption de minimis.
Cela fait de Zonos une solution incontournable face aux nouvelles règles américaines.
Etsy a d’ailleurs annoncé un partenariat avec Zonos, proposant un calculateur gratuit pour estimer rapidement les droits et taxes d’importation.
Reste à voir si Etsy ira plus loin en intégrant directement une solution de ce type dans sa marketplace.
Mise à jour – 29/08/2025
Etsy vient d’informer ses vendeurs que, suite aux nouvelles règles de douane aux États-Unis, les vendeurs Star Seller hors US conservent automatiquement leur badge en septembre et recevront des mises à jour pour les accompagner.
4. Des pistes à explorer pour rebondir sans paniquer
Renforcez votre lien avec vos client·es américains
- Soyez transparent·e : expliquez simplement la situation, sans dramatiser.
- Mettez l’accent sur l’humain : rappelez que vous êtes un·e créateur·ice indépendant·e, pas une grande marque.
- Rendez vos créations désirables malgré les frais : offrez une expérience soignée, une personnalisation, une qualité ou une esthétique qu’on ne trouve pas ailleurs.
Le lien de confiance avec vos client·es fidèles vaut parfois plus qu’une remise ou qu’un colis non taxé.
Diversifiez vos marchés
- Vendez plus localement : l’Europe reste un terrain de jeu immense, avec moins de complications douanières.
- Explorez d’autres zones de croissance : Canada, Australie, Suisse, pays nordiques… Certains marchés sont plus petits mais très friands de créations originales.
- Ciblez les pays où les conditions d’export sont plus simples : vérifiez les taux de douane, les habitudes d’achat, les délais de livraison acceptables…
- Modifiez vos paramètres de boutique Etsy : vous pouvez tout à fait choisir les pays dans lesquels vous acceptez de vendre. Si la gestion des droits de douane américains devient trop complexe, vous pouvez temporairement désactiver les ventes vers les USA.
Vous avez le droit de choisir ce que vous vendez, mais aussi à qui. Rien ne vous oblige à garder les États-Unis dans vos destinations.
Repenser vos produits et votre modèle
- Créez des gammes “premium” pour l’export : si les frais augmentent, justifiez-les par une qualité ou une rareté qui donne envie malgré tout.
- Proposez des offres groupées : vendre plusieurs articles ensemble permet de répartir les frais sur un panier plus élevé.
- Développez des produits numériques (patrons, tutoriels, illustrations, etc.), qui ne sont pas soumis aux douanes.
- Envisagez des formules en B2B (vente en gros à des boutiques ou concept-stores), où le client final ne paie pas directement les frais.
C’est peut-être le moment de faire évoluer vos offres… ou de tester des idées que vous aviez mises de côté.
Optimisez vos solutions d’expédition
- Les options DDP (livraison avec frais prépayés) sont souvent difficiles à mettre en œuvre pour les très petites entreprises françaises : coût élevé, démarches complexes, transporteurs limités…
- Restez informé·e, mais ne vous sentez pas obligé·e de tout faire vous-même.
Une piste à envisager : demander à Etsy (via les forums ou les canaux officiels) de mettre en place une solution technique pour permettre le prépaiement des droits de douane lors de la commande.
Cela faciliterait grandement l’expérience client et éviterait de perdre des ventes à cause des frais surprises. Les marketplaces évoluent aussi sous la pression des vendeurs. N’hésitez pas à faire entendre votre voix.
Faites évoluer votre communication
- Soyez pédagogue : un client averti comprend mieux pourquoi le prix change.
- Mettez en avant vos valeurs : fait main, durable, local, original… Les grandes plateformes ne peuvent pas rivaliser là-dessus.
- Créez du contenu sur les coulisses de votre travail : cela valorise votre savoir-faire et légitime un prix plus élevé.
En période d’incertitude, les client·es achètent aussi pour soutenir des personnes, pas seulement des produits.
Gardez la main sur votre activité
- Analysez votre dépendance aux USA : quelle part de votre chiffre d’affaires est réellement concernée ?
- Fixez-vous des objectifs réalistes de transition : par exemple, réduire vos ventes aux USA de 30 % d’ici 6 mois.
- Transformez cette crise en levier stratégique : est-ce l’occasion de faire un vrai tri dans ce qui vous coûte trop d’énergie ?
Vous n’avez pas à tout changer d’un coup. Mais vous pouvez choisir de ne pas subir.
Faites de la veille sur les droits de douane
- Gardez un œil sur l’évolution des règles douanières américaines : elles peuvent changer rapidement.
- Rien n’est figé : cette décision a déjà été suspendue une première fois, et Donald Trump est connu pour revenir sur ses annonces.
- Suivez des sources fiables (gouvernement US, douanes, presse spécialisée, experts en e-commerce), ou abonnez-vous à des newsletters de veille douanière.
Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être plus dans quelques mois. Ne partez pas du principe que tout est perdu.
Conclusion
Ce changement brutal du cadre douanier peut donner l’impression qu’un marché entier se ferme. Mais c’est aussi une opportunité de revoir vos priorités, d’explorer de nouveaux marchés et de clarifier vos conditions de vente.
Vos créations uniques peuvent toujours séduire les acheteurs américains… à condition de bien préparer le terrain.
Prenez le temps de regarder les faits, d’évaluer vos options, d’écouter vos client·es et d’avancer à votre rythme.
Ce n’est pas la première fois que les créateur·ices indépendant·es doivent s’adapter. Ce ne sera sans doute pas la dernière…
Sources et liens utiles
- The White House (juillet 2025) – Suspension of Duty-Free De Minimis Treatment for All Countries
- Informations La Poste – Spécificités d’envoi selon les pays
- Etsy – Règlement des acheteurs, Mise à jour de la Protection des achats
- Amazon France – Aide et service client, A propos de l’acompte relatif aux frais d’importation
- Commission européenne – Exporter depuis l’UE (outil très utile pour vous informer sur les droits de douane)
- Etsy propose un outil gratuit en partenariat avec Zonos : il permet de décrire votre création et d’obtenir immédiatement une estimation des droits de douane et taxes que vos client·es devront payer à la réception.
Questions fréquentes
Qu’est-ce que l’exemption « de minimis » ?
Qui doit payer les droits de douane ?
En général, c’est l’acheteur ou la personne qui reçoit la commande qui paie les droits à la livraison, sauf si le vendeur utilise une option d’expédition avec droits prépayés (DDP).
Apparemment, les services douaniers américains ont décidé de faire différemment et d’obliger les expéditeurs à pré-payer les droits et frais. Affaire à suivre !
Quels sont les modes de calcul des droits de douane ?
Pour les envois par transporteur privé, tous les colis seront soumis aux droits selon le pays d’origine, la valeur et la catégorie du produit.
Est-il possible pour un vendeur Etsy de prépayer les droits de douane ?
Dans l’absolu, oui, mais cette option (DDP) est très coûteuse. Etsy ne propose pas actuellement de solution intégrée pour cela.
Que faire si un client refuse de payer les droits à la livraison ?
Pour limiter ces risques, informez clairement vos client·es avant l’achat que des droits peuvent s’appliquer et qu’ils sont à leur charge.
Enfin, en cas de refus ou litige, communiquez rapidement avec votre client·e pour trouver une solution amiable et préserver votre relation.
Comment informer au mieux ses clients ?
Cette règle peut-elle changer ?
Poursuivez votre lecture
Faut-il utiliser l’outil IA d’Etsy pour vos titres ?
Etsy recommande depuis longtemps à ses vendeurs d’utiliser des titres courts pour les fiches produits. Depuis peu, la plateforme...
Comment trouver les bons marchés pour vendre vos créations
Vendre ses créations sur les marchés, les foires artisanales ou les salons professionnels est une excellente occasion de...
Etsy augmente les frais d’exploitation réglementaires en France
A partir du 1er juin 2023, Etsy va augmenter les frais d'exploitation réglementaires dans 3 pays européens, dont la France : les...
Allez, on en discute ?
Un grand MERCI à celles et ceux qui prennent le temps de laisser un commentaire : je les lis tous et ça m'aide à trouver la motivation pour les prochains articles !
Avant de poster votre premier commentaire ici, merci de lire la Charte de modération
Merci Val pour cette info dont je n’avais pas eu connaissance.
Encore une taxe…. Personnellement je vais désactiver les Etats-Unis provisoirement.
Je vends pas mal là-bas et je n’ai pas du tout envie de stresser à chaque vente avec le risque de devoir payer le retour.
C’est une bien mauvaise nouvelle ! Le chiffre d’affaires est déjà bien en baisse. J’espère que la girouette américaine va changer rapidement d’avis.
Bonjour, Merci pour cette info très détaillée et limpide.
Pour ma part, il y a une nette baisse des ventes, sur Etsy, depuis avril, je ne sais pas pourquoi…. je suis actuellement à – 17% de CA 🙁 . Il me semble avoir vu plusieurs créatrices se plaindre aussi de cette baisse . Je suis actuellement sur les marchés locaux de saison, je vais réfléchir à quoi faire sur Etsy, en septembre, et essayer de comprendre…;